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L'écho du Parnasse

7 août 2008

Soixante six pour cent d'eau !

Je te vois ruisseler lentement sur la vitre

Où se joue l’imprévu du chemin surprenant

Que tu prends pour te joindre à tes sœurs en glissant,

Ajoutant à leur cours ton histoire, un chapitre.

Aller va, coule et courre habiter tous les litres,

Vos furieuses fusions font des flots foisonnant ;

A présent fécondez les arides versants,

Et donnez à l’amour l’odeur des gyromitres.

Et voilà tu te rues en rires torrentiels,

Ta grande cataracte éclate sous le ciel

Et retombe alanguie, en un étang sans flots...

Et les vents vespéraux évaporant l’Amour,

Emportent les nuées chargées de ton retour,

Désir, toi l’immanent, qui coule comme l'eau !

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27 juillet 2008

Dandisme

Aux oeuvres utiles produites par des esprits superflus je préfère les oeuvres superflues pensées par des esprits utiles...

26 juillet 2008

Pensées des plaies

La loi est la plus belle robe dont la faiblesse puisse se parer pour échapper aux regards : l’habit du devoir protège du vent glacé de l’impuissance. Ainsi, "ce qui ne peut pas être fait" est caché par  "ce qui ne doit pas être fait". C’est ce qui fait qu'un peuple a besoin d'un gouvernement, et quel peuple !

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Ne pas vouloir mépriser ce qui dégénère, c’est mépriser la vie. Et lorsqu'on méprise ce qui dégénère on estime ce qui génère. Or toute nouveauté est immorale par essence. Donc estimer ce qui génère est immoral tout comme le fait de mépriser ce qui dégénère. Il ressort de cela que la morale méprise la vie !

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Il y a dans le mépris une ironie cachée qui le rend plus riche que la compassion. Car si la compassion soigne l’âme, elle ne la guérit pas, au contraire, elle abandonne celui qui la reçoit à son sort. En revanche, il y a dans l’ironie dont recèle le mépris une éthique esthétique, une possibilité  pour celui qui la reçoit de percevoir par là un exemple, une manière d’être comme une guérison. Car où il y a mépris (et je ne parle pas du dédain, qui lui est enfanté par l’envie), il y a estime de soi et donc jouissance de soi…Mais celui qui souffre d’être méprisé au point de ne pouvoir trouver ce qu’il a de méprisable pour l’autre en lui, celui-là a encore trop de vanité, il n’a pas encore assez souffert…

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Il est un hédonisme qui freine le processus d'esthétisation de la vie

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Juste avant de n’être plus rien, je me demanderai justement ce que j’ai été. La force que je sens en moi lorsque je produit un acte, et seulement celle-là, est celle, qu’un jour futur je regarderai avec la plus profonde tendresse. L’autre, ma puissance inactivée sera ma douleur, mes regrets, l’enfant débile et rachitique de mon bovarisme.

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C’est à force de prendre des décisions et d’agir selon son cœur que l’authenticité de l'être jaillit dans la réalité. Le "connais-toi toi-même" passe par une écoute du coeur avant d'être une connaissance de la raison consciente.

26 juillet 2008

L'âme d'eau

Je te vois ruisseler lentement sur la vitre

Où se joue l’imprévu du chemin surprenant

Que tu prends pour te joindre à tes sœurs en glissant,

Ajoutant à leur cours une histoire, un chapitre.

Aller va, coule et courre habiter tous les litres,

Vos fécondes fusions font des flots foisonnant ;

A présent inondez les arides versants

Des odeurs de la terre et des ruts sans arbitre !

Et voilà tu te rues en rires torrentiels,

Ta grande cataracte émerveille le ciel

Puis retombe alanguie, en un lac de sanglots.

Et les vents cajolant évaporant l’Amour,

Emportent les nuées chargées de ton retour,

Ô Désir éternel, voyageur comme l'eau !

16 juillet 2008

Première élévation

Dans l’azur Deleuzien où s’aiment les fumées,

Dans le fluide apaisé des savoirs enchanteurs,

J’extirpe la souffrance enfouie dans ma rancœur

Et lave lentement mes viandes exhumées.

Dans cette marée bleue, alors accoutumée,

Mon âme nettoyée aussi de sa pudeur,

Se pavanant gaiement dans les chaudes splendeurs

S’éloigne doucement des terres embrumées.

Et quand mon cœur enfin a pu tant s’enivrer

Que plus aucun fardeau ne peut plus l’attirer,

Comme la gravité attire la lumière,

Dans le feu de la joie, il file dans les cieux

Et la terre éclairée d’un mouvement précieux

Apprend comme l’Ethique élève la matière !

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16 juillet 2008

Anaïs et Henry

Dans ma chambre sombre, une nuit de givre,

Couchés dans le lit ou dans un berceau,

Le flot de nos voix récitant nos livres

Nous ferons voguer comme en un vaisseau.

Le vin et les mots dont nous serons ivres

Te rapprocheront d’Arthur ou d’Artaud,

Me feront tanguer dans le mal de vivre,

Rougiront la couette où nous aurons chaud.

Dans le tourbillon de nos deux spirales,

Alors invoqué l’Esprit magistral,

Nous insufflera l’éclair innocent.

Et nos corps alors, entrant dans la transe,

En se déclarant toute leur jouissance,

Se diront : « A deux, nous sommes plus grands ! »

26 juin 2008

Miroirs

Regardez-moi des fois et dites moi toujours

Tout ce que vous voyez sans mentir ni tricher !

Ne soyez dépolis, ni courbés, ni penchés

Et chargez vos reflets du plus droit des amours.

Je ne veux d’un naïf adorant mes atours,

Il ne renvoie jamais qu’un portrait rabâché,

Ni ne veux d’envieux à l’infâme psyché :

Ce qu’il aime la nuit, il l’outrage le jour !

Je veux les rayons froids sur mon visage aigri

D’un miroir authentique où luit un grand Mépris,

Le sincère dégoût des âmes étrangères !

Et que m’éclaire aussi la franche admiration

De qui, tout comme moi, divine réflexion,

Explore les degrés de ces intimes sphères !

27 février 2008

Lettre à un père

- Lettre à un Père -

Au modèle corporel de l’enfant que j’étais, qui m’apprit pour ne pas trébucher en marchant qu’il me fallait préférer la vue des cailloux et des racines à celle des étoiles et des oiseaux.

A celui qui m’apprit qu’un corps efficacement dressé au travail était le moyen le plus digne de le libérer de sa Nécessité.

A l’homme dont le corps ne me disait que l’utile, le rentable, le productif ou le raisonnable.

A l’homme aussi dont le corps subordonné à cette nécessité avait tendrement nourrit l’esprit de mille rêves qu’il m’offrait avec passion.

A cet homme trop Père, je veux dire aujourd’hui la possibilité d’une autre démarche, prompte à rendre le corps plus libre et plus digne encore; je veux dire une danse qui me met la tête dans les étoiles et m’apprends à rire du fardeau de la si bourgeoise et si laide peur de manquer…

D’abord sache que, pour moi, cette danse n'est pas seulement contemporaine de notre époque - je crois d’ailleurs que notre époque n’est pas singulièrement dansante - mais en tant que mouvement improvisé, apprivoisé, elle est surtout contemporaine de pulsions intérieures, d’instants de Soi. Elle me fait accoucher de libres pulsions de vie, d’actes immédiats d’une authentique sauvagerie en dehors des sphères de la conscience, de l’autocensure, de la raison, de l’utile pratique ou profitable. Par elle mon corps n’est plus un objet utile, pas plus qu’inutile d’ailleurs, mais il s’extirpe du piège de l’avoir pour jubiler d’être ; à l’utilitarisme de la survie, cette danse rétorque le plaisir de vivre. Par elle, l’Etre se déploie en un insouciant libertinage du geste offert au rythme des secondes. Légèreté joyeuse !

Déraisonnée, injustifiée, libérée de la contrainte, cette danse rend sa théâtralité au corps pour en faire un lieu privilégié où s’expriment une individualité débordante, une physiologie pulsionnelle, une saine corporalité animale aux inconscients fondements hormonaux. Laisser danser chaque instant de Soi au gré de l’instinct, comme un hymne à Dionysos sans plus se voir ni se savoir, s’abandonnant au culte intérieur du lâché prise orgiaque !

Et pourquoi donc m’objecteras-tu, pourquoi donc vouer un culte à Dionysos ? Il est question ici de réaliser ma profondeur, de faire naître à ma conscience - de connaître donc - mes vérités physiologiques, mes émotions rendues tangibles par une authentique expression de ma vitalité, cette machine Désirante…

Science de Soi, de l’inconscience à la conscience ménager un passage à l’être. Invoquer Dionysos à la libération des eaux profondes. Puis, au son sourd et cadencé du torrent nouveau qui menace débordement, convoquer Apollon à l’harmonie lyrique, le porteur de conscience, afin qu’il donne leurs méandres mélodiques aux profonds flots résurgents.


A présent de l’esprit de cette danse, de cette catharsis réfléchissante, je veux te montrer quelques pas.

Le premier est le pas de l’instant. Laisser le corps gagner la pensée, oublier le temps passé ; cesser d’espérer le futur, cette promesse décevante en laquelle pourtant tu croyais tant ! Sans passé, sans futur, devenir intemporel. Sentir alors que l’immortalité ne réside pas dans un temps infini, mais dans celui qui ne compte plus. C’est là, ici, maintenant, dans cette joie d’être, dans ce fécond creuset identitaire du présent en Devenir, lorsque je rends mon corps disponible à sa créativité instantanée que l’espérance s’évanouit et avec elle la crainte, sa sœur jumelle. Je connais alors cela : craindre la mort vient de ce que l’on enseigne à espérer la vie, repoussant toujours à plus tard l’indestructible plaisir d’être au présent. Espérer le temps sous entend n’être pas pleinement en vie, n’être pas en train de danser sa vie...

Le Pas dans l’abîme: regarde comme une mise en déséquilibre est l’occasion d’une recherche d’équilibre.

Mais quel équilibre ? Physique, psychique ? La pensée est-elle autre chose qu’une matière ? Alors n’est-elle pas l’effet d’une corporalité, d’une physionomie unique, singulière que baigne une époque, une histoire, un lieu ? Mettre son corps en déséquilibre : n’y a-t-il pas là l’occasion de convier la souplesse nécessaire à la recherche d’un équilibre mental sans cesse éprouvé par le tumulte d’une vie que je désire faite de mouvement ? Et d’ailleurs, toi qui voulais une vie paisible, posée, toi qui voulais avoir l’âme en paix, n’est-ce pas parce que tu avais perdu l’habitude de tomber ? Par l’expérience de la chute j’ai vu ma souffrance enfanter le plus puissant et le plus gai des courages. Avoir confiance. Et puisqu’à la tempête succède le soleil, je veux toujours mieux rire de la peur de l’inconnu, cette grande vénéneuse ! J’apprends à aimer la chute comme l’on aime un noble adversaire et j’apprends à aimer la nécessité du déséquilibre qu’est le Devenir pour continuer à aimer l’imprévu du temps qui passe. La cigale est nomade parce qu’elle ne vise pas le confort, le capital. Cette protection chère à la fourmi est trop lourde pour se mouvoir et s’émouvoir, trop épaisse pour sentir la pointe acérée du vent frais de la vie qui fait naître le Désir, le désir de danser librement. Seul l’arbre penché comprend le sens caché du vent...

Le pas vers l’autre : regarde l’attraction des corps en mouvement, observe comme il nous est naturel de combler le vide par le contact, de nous unir puis de nous séparer dans une dynamique improvisée. Sans vide, pas de mouvement et sans mouvement pas de vide. Le mouvement est partout comme un imprévisible Devenir et le temps qui s’écoule ne fait qu’exprimer cette multitude de mondes qui s’engendrent dans une recomposition permanente. Attraction d’abord, puis échange et enfin répulsion et nouvelle attraction en vue d’une incessante circulation d’énergie. Mon énergie vitale est une variation sur ce mode : l’amour est une attraction nomade propre à engendrer des échanges, passion d'unité dans un instant commun. Cette même attraction fait de la molécule d’eau, une goutte et de cette goutte une source, un torrent puis un lac. Et du lac fait d’eaux liées, lourdes et léthargiques, repues de leur union consumée, bientôt l’élément s’évapore, les molécules chargées d’histoires se libèrent, se préparant à Donner et à Prendre au coeur de nouveaux torrents… Et moi ? Ne suis-je pas Eau ? Lorsque je danse avec l’Autre, je suis cette goutte qui se mêle à cette autre goutte : naît, vit et meurt une Relation, mouvement nomade au travers duquel circule l’énergie de l’échange qu’est la Joie ! Gravité du lac de l’avoir sédentaire. Légèreté de l’être communiquant.

Et puis aussi, le pas poétique : vois ces imprévus spontanés, ces mouvements et ces rythmes, ces profondeurs et ces légèretés, ces désirs et ces refus, ces rencontres ou ces échecs...Ecoute la musicalité poétique du corps !

Cette danse ne cherche pas à imprimer une émotion dans le corps. C’est au contraire l’émotion du corps qui donne forme à cette danse. Elle est pure immanence des êtres, jubilants de se livrer ensemble à leur improvisation, à leurs étonnements mutuels. Que peut le corps ? Des prouesses techniques certes. Il peut aussi des émotions lorsqu’il se met en situation : mouvement, cœur battant, attente, souffle court, écoute, charge. Puis rire, colère, tristesse, joie. Désir, confiance, échange, sourire. Décharge. Ou tremblements, hésitations, doutes, craintes, dérobades, hontes et pudeurs. Hontes et Pudeurs! Emotion retenue, sensation avortée, joies étouffées. Dionysos muselé, c’est la vie noyée dans le silence.

Alors le projet esthétique de cette danse trace un chemin. Il ne cherche pas à produire une beauté idéale en faisant du corps un objet recevant le dogme et les règles, le logos et les lois d’un Beau-en-soi. L’écriture chorégraphique condamne le corps à réfléchir une lumière manquant l’authenticité de l’instant.

L'improvisation redonne sa beauté à la subjectivité de l’être, ce feu intérieur illuminant l'apparence. Etre soi rend beau parce que l’émergence de la spontanéité radicale fait naître la poésie du Devenir : connaître ton corps, expérimenter ta subjectivité, ta différence pour devenir qui tu es vraiment. Puis, entre hasard et nécessité consentir enfin à être ce que tu deviens.

Voilà cher Père ce que Corps-produisant-sans-fin tu n’as pu entendre dans le vacarme de ton isolement culturel que certains entretiennent avec profit.

Bien à toi.

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